Tous feux éteints.
Tu l’as vu toi, mon corps qui flanche encore, et mes hésitations, le fragile dans mes mains, t’as vu tout ce qui sort, et la merde et le rien, t’as vu comme je suis mort, à ne plus comprendre comment tout ça se tient. T’as bien vu toi, comme je ne brûle plus, cadavre encore fumant des incendies passés, courir après la vie, mourir demain ou bien jamais, t’as vu mes yeux éteints, et l’asphyxie dont j’te parlais. Y’a que j’trouve plus vraiment les mots, que je vomi des phrases déjà usées, y’a que l’horizon est là presque de trop, et s’en est presque assez de t’avoir sur le dos.
Tu l’as vu toi, mon regard qui s’éteint, t’as vu les vieux artistes s’esquinter morts de faims, t’as vu ce qui me ronge et la moelle et le cœur, et crois moi je tuerais pour le sourire de ma sœur. T’as vu mes morts accidentelles et ma désespérance, tous les remparts dressés là sur ma peau, et tes appels au secours brisés en mille contre mon dos. Et puis tu n’écoutes plus toutes mes conneries, les mots fuyants que j’élabore pour le semblant des choses, ouais toi tu laisses parler le vent, et d’un air de défi tu lances un touche moi si tu l’oses.
T’as bien vu toi, les jeux qui mènent à rien, tous les détours pour bien se perdre, la force des muscles de nos mains, les yeux fermés pour oublier la merde. T’as bien senti l’absence de rage, celle qui pèse lourd, la belle tranquillité qui noie la vie et qui rend sourd. Y’a qu’la fumée sans faire de feu, moi je l’ai vu, les yeux bien grand ouverts, qu’on était deux et qu’on avait des rêves d’incendiaires.