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La magie des mots
31 octobre 2011

Doit y avoir autre chose.

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Et si jamais je n’étais pas d’accord ?

C’est vrai j’ai dit ces choses, un peu sans réfléchir, un peu histoire d’franchir le bord, enfin surtout j’ai dit tout c’que t’avais envie d’entendre. T’as pas eu l’air d’hésiter, c’était bien confortable, m’enfermer dans ton petit manège, faire semblant, même pas en reculant, sans accroc dans la voix. Au fond, nous deux, c’était un raté de plus, un naufrage programmé, mais sans le mélodrame, noyé dans un bassin aseptisé, drogué aux conventions fournies sur ordonnance. Au fond nous deux, c’était deux prénoms sur un morceau de papier, mais sans l’odeur de l’encre, avec des points dressés fièrement en haut des i, la stricte vérité c’est qu’on jouait l’amour sans convictions.

 

La stricte vérité, celle que je n’ai pas osé dire tout au commencement des choses, celle qu’on pouvait imaginer en arrière plan dans les ombres projetées de nos corps à distance, c’est que cet horizon figé entre les murs du monde tendait à asphyxier toutes mes parcelles d’humanité. Devenir robot parmi les robots. Les hommes transposés en numéros. La belle parade des visages à grands sourires sur les photos numérisées. La drague des samedis soirs soigneusement étalée sur les réseaux sociaux. T’aurais tiré la gueule si j’avais dit que je n’voulais pas de tout ça. Pas d’poke sur Facebook, pas de Meetic sous photoshop, pas d’crédit sms à triple chiffre. T’aurait tiré la gueule si j’t’avais avoué tous mes penchants un peu malsain, ma maladresse, ma confusion, mes sautes d’humeur, tous mes caprices, mon inconstance. T’aurais tiré la gueule si j’t’avais dit tout c’que j’voulais vraiment. Les attentes infernales, le souffle coupé en montant l’escalier vers ton appartement, l’hésitation devant la porte, même après la trente troisième visite. Les clopes à partager, tirer sur le même filtre et boire au même goulot, griller sur place, l’air abruti, en me voyant cinglé, à t’acheter des cadeaux un peu trop chers. Sentir la peur, sentir venir nos airs béats, sentir tout ça, ce qui sent bon et ce qui pue. T’aurais tiré la gueule si j’avais dit que j’voulais pas t’payer un verre, t’emmener dîner ou t’inviter au cinéma. Si j’avais dit que c’que j’voulais c’était construire, tout fabriquer, devenir l’usine à création, faire les trois huit à nous tous seuls. T’aurais tiré la gueule en découvrant c’qui m’fait bander, le grand bazar, tous les défauts, le crade et le merdique, les engueulades et les moues forcées pour masquer les sourires inopportuns. Et surtout pas la stratégie, ni les conseils, ni l’manuel du petit couple aux allures de recettes de cuisine. Ouais moi c’que j’aime c’est l’entropie, engueuler dieu du désordre qu’il nous a laissé en repartant d’chez nous, l’inouï d’te savoir dans mon lit sans jamais être sûr que t’y sois pour moi. Tout c’que j’aurais aimé c’est sentir la douleur, un peu de vie dans nos ébats, un peu d’larsen dans nos discours, un peu de toi et moi dans cette histoire, même rien qu’un peu. Tout c’que j’aurais voulu c’est ressentir, toutes les caresses, les ecchymoses, l’extase et le sacré, l’amer et puis l’acide, le sucré, le salé, le goût d’ton sexe et de tes larmes, l’odeur du souffre et l’mélodrame.

 

T’as vu comme on s’ennuie, notre existance noyée dans le formol, à s’voir vieillir dans un miroir, au ralenti, sans dénouement et sans début. Et nos chairs mortes qui n’sentent même pas la pourriture, quand on manque d’air au fond d’un trou, même pas le goût de la poussière quand j’laisse ma langue glisser sur nous. Pire que la mort, l’absence de vie, c’est le grand vide sans le vertige, mon sperme qui coule sans le plaisir, c’est le coma sans accident, c’est le non sens qui m’pousse à fuir.

 

« Ne me dis pas toi que vivre nous fatigue, qu’on ne fait que passer, doit y avoir autre chose. Et l’envie de se perdre dans les bras l’un de l’autre, peut être que j’y ai cru … Je sais plus. »

 

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