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La magie des mots
16 novembre 2008

La vie des autres

hungry_by_Pink_Bear

T’arrêtes pas d’faire ça avec tes mains, des grands gestes dans le vent, un incendie peut être, et tes rêves en mouvement. C’est pas qu’on soit perdus, et y’a plus rien à croire, ta tête fait des rebonds, et tes yeux craignent le soleil. t’as les doigts qui s’emmêlent, tout petit corps gesticulant, j'sais pas trop bien c'qui nous arrive, et on grandit peut être. Tu dis j’suis compliqué, me coller nu contre la vitre, j’aurais voulu t’y voir et prendre froid en silence. Le peep-show va fermer, ta cabine est encore pleine de moi, et tu danses et tu danses, dis le que ça t’embrase mon regard posé sur toi. Y’a la nuit qui vacille, les néons qui se brûlent, et tu danses et tu danses, j’te l’dis que ça m’embrase tes grands yeux rivés vers moi.

Passer la nuit à deux, juste au centre du monde, attendre la fin du spectacle, et les autres qui glandent en dehors. J'ai pas voulu les suivre, ce petit monde à nous est un peu mal en point, alors on rêve et on rêve, la nuit passera plus vite. Si t'acceptes de suivre, on va les retrouver, j'crois sous un chapiteau, ou peut être pleins de bières. Et les mains froides fourrés dans les poches, ton ipod qui se vide pendu à tes oreilles, y'a qu'ce matin la ville est moche, et les clochards n'ont pas encore fini leurs bouteilles. C'est pas la vie d'trainer les rues, de s'asseoir sous les porches, de tendre la main aux fous semblants, mais faut bien dire qu'ça nous amuse.

Tu dis faut pas s’en faire, et les gradins sont vides, la rue semble moins large, un petit pas de trop, tu dis faut pas s’en faire, c’est pas moi qui décide. Et t’as vu ce qu’on choppe à faire nos étourdis, tu sais bien qu’on va s’en faire, puis qu’on a peur de tout, file moi les somnifères que j’meurs avant la fin. T’as su trainer ta chair jusqu'à mon lit de gosse, pourrir avant l’enfer du plaisir à baiser mon sac de d’os, et si l’on en discutait pour savoir qui est qui, j’pense qu’on y trouverait de quoi s’réconcilier avec nos vies. T’as l’air peu convaincue, et tu murmures ces choses, je ne veux pas entendre, j’ai déjà eu ma dose. Et l’on oublie le reste, à faire trembler nos boites, t’as les idées bancales si ce n’est de l’amour, à concentrer tes gestes, le cœur froid, les mains moites, c’est sûr que ça fait mal si ce n’est que de l’amour. J’arrive à peine à fuir, à regarder ailleurs, m’en foutre de tes sursauts et de tes hurlements qui me vont droit au cœur. J’arrive à peine à le dire, que c’est fini tout ça, et puis j’trouve plus mes mots, même qu’un sourire ça suffira.

Et puis nos nuits ressembleraient à ça, sans qu’on s’interdise les baisers, je n’sais pas si l’on court ou si le monde ralenti, et j’pourrais bien refaire soixante dix mille parties. Nos nuits seraient enfin de celle dont on se souvient, des étés sans nuances et des hivers enneigés, des putes en talons hauts sur des ruelles pleines de pavés. Nous sept c’était tout ça, une troupe de miraculés, quatre louves et trois chiens qui se mordent en plein dans le mollet. Et les sacs en bandoulières qui s’écorchent contre les grilles, et les flammes des briquets où plongent nos regards d’hallucinés. Nous sept c’était tout ça, et peut être un peu plus, sur les marches d’un théâtre qui nous aura vu flancher. Y’a juste qu’après tout ça j’en suis certain, on aura plus jamais l’envie d’y retourner. C’était au crépuscule de l’histoire, il n’aurait pas fallu qu’on occupe les espaces, parce que ça bouillonne en dedans, et cette envie d’errer jusqu’au fond et même un peu autour. C’est pas qu’on était vieux mais ce théâtre c’était le nôtre, au diable les yeux brulants qui nous enviaient les miracles, y’a juste qu’après ça c’est certain, on aura plus jamais l’envie de jouer.

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